~*Nuit

La nuit est calme. La nuit est douce. Même si la nuit est froide, même si parfois elle tue, la nuit est belle. Comme une jeune femme avec une arme. Comme si cette arme est sanglante.
Le Fléau aime la nuit.
On dit d'elle qu'ellle nous cache un monde, mais nous dévoile un univers...
C'est vrai.
Mais l'Homme a peur de la nuit.
Le Fléau y a longtemps réfléchit.
Et il en a déduit que c'est à cause du Noir.
De la Pénombre.
De l'Ombre.
Alors l'Homme préfère se faire attaquer par les milles et unes flèches des couleurs du jour plutôt que sentir l'ombre glacée.
Et ceux qui disent le contraire deviennent les messagers du "Diable".
La chouette, par exemple.
Et le chat noir.

Un magnifique chat au pelage d'ébène avançait douçement. Devant lui, un petit mulot grignotait des graines. Assise non loin de là, Flaura plissait ses yeux bleus pour mieux saisir l'instant. Encore quelques pas feutrés. Et le saut. Le rongeur 'eut même pas les temps de couiner. Le chat l'acheva d'un coup de dent. Ses yeux d'ambres fixèrent un instant la fillette avant qu'il ne s'enfuie avec son trophée, faisant à peine craquer les feuilles mortes sous ses pattes de jais. Flaura s'étendit sur le sol de cette forêt d'automne, savourant cet instant de solitude. Soudain, elle entendit un bruit..

Diane marchait doucement dans la nuit sauvage et silencieuse quand elle entendit un bruit léger ,comme un froissement dans la lumière du soir,qui n'est que ténèbres.
Portant la main au pommeau de son éppée,elle se jeta sur son agresseur qui lui attrappa les poignets et dit d'un ton tendrement moqueur:
-Eh bien ma petite Diane,devenez vous une tigresse?Allez vous me griffer.
-François!,s'exclama Diane,je ne vous attendais pas.
-Je suis de service cette nuit et je me suis dis que je pouvais venir vous voir,enfin si vous ne me tuez pas avant.

Diane rougit d'embarras,puis elle rangea d'un geste ample son épée,puis observa François.Il n'avait pas changé,toujours les même yeux bleus,la machoire carrée,large d'épaule et robuste,ses cheveux blonds magnifiques tombaient en cascade sur ses épaules.
Elle dit:
-Vous m'avez énormèment manqué François,que devenez vous?
-Je suis toujours au service de sa majesté,et je repars dans quatre heures à bord du prochain bateau pour l'Angleterre,dit il tristement.
-Oh,dit Diane en essayant d'avoir un air détaché,les Dames de la cour anglaise doivent être très belles.
François la regarda,amusé.
-Mais aucune d'elles n'a votre beauté sauvage Diane,vous êtes unique.
-Merci.
Ils se mirent à marcher ensemble et parlèrent tranquillement de leur projet et leur avenir,jusqu'à ce que Diane l'interrompit d'un geste.
-Qui y a t il?demanda François.
-J'ai entendu un bruit,il faut que vous partez,je préfère rester prudente.
-Fort bien,je vous écrirai.Adieu cousine.
François hésita puis l'embrassa sur les deux joues et disparut dans la nuit.
Diane regarda dans sa direction une dernière fois puis mit sa main sur le pommeau de son épée et dit:
-Qui est là?
[center]

Flaura sursauta quand elle entendit des bruits de pas. Les animaux de la nuit étaient extrèmement discrets et silencieux. Ces pas ne pouavaient être que ceux d'un humain. La fillette se cacha derrière un épas buisson pour entr'aperçevoir une grande femme aux cheveux bruns qui portait une épée au côté.
"Qui est là?"
Flaura hésita à se montrer, elle qui avait l'habitude de passer près des personnes de la Cour sans se faire remarquer. Mais elle se dit qu'il ne valait mieux pas effrayer quelqu'un qui portait une épée et sortit de sa cachette. Ses cheveux étaient un peu ébouriffés, ses bras écorchés, mais ça allait, elle n'était pas dans le même êtat que le pauvre mulot de tout à l'heure. La petite fille s'approcha de l'inconnue et murmura:
-Dans Versailles je me nomme Flaura. Mais en-dehors, on m'appelle Fléau.
Un instant, ses yeux bleus brillèrent de fierté et devinrent argentés avant de reprendre leur couleur initiale, celle du ciel pluvieux.

Diane rengaina son épée et dit en souriant:
-Enchantée de vous connaitre Fléau,je suis Diane de Poitiers dans Versailles,mais en dehors on m'appelle Diane la Chasseresse.
Elle sourit d'un air amusée, cette jeune dame lui plaisait par son air vif et son regard intelligent.Elle remarqua ses bras écorchés qui saignaient légèrement sans qu'elle y fasse attention.Un sourire effleura les lèvres de Diane quand elle vit les yeux de Fléau changer de couleur ,pleins de fierté. Elle ressemblait au vent libre de tous mouvements et portait bien son nom.

Flaura n'avait pas l'habitude qu'on la traite comme une adulte, la seule personne avec qui elle avait l'habitude de discuter étant sa jeune mère adoptive.
Fléau n'aimait pas les dames de la Cour, toujours à s'occuper de leur bauté, toujours à se regarder dans les miroirs, jusqu'à en perdre leurs âmes... Mais celle-ci l'intriguait. Elle avait une aura étrange, celle qu'on ceux qui ont toujours vécu dans la forêt et dont l'âme y restera à jamais...une aura sauvage. Pas celle des gens de Versailles.
Diane la Chasseresse...
-Enchantée. Souffla la fillette.

Diane observa attentivement la jeune dame, habillée d'une courte robe de petite fille qui lui arrivait au genou et lui seyait amplement, sa démarche et ses manières lui rappellaient ceux d'un chat.Cela tombait bien, elle adorait les chats. Les yeux gris de Fléau fascinèrent le jeune fille qui avait une impression de déja vu. Diane sourit puis fronça les sourcils.
-C'est bizarre, mais j'ai l'impression de vous avoir déja vu, je me trompe Fléau?
Diane attendit la réponse de la jeune fille et leva les yeux vers le ciel, il faisait nuit noire, une nuit idéale pour les fantômes penserait une personne superstisieuse.

La fillette suivit le regard de Diane et murmura, comme pour dire une prophétie:
-Peut-être bien...
[b]Elle huma doucement l'air. C'était une nuit d'été(?) sombre, noire d'encre, profonde. Une de ces nuits que Fléau aimais par-dessus tout. Elle aimais se fondre, doucement, dans les ténèbres. Peut-être que, quand elle serait grande, elle serait brûlée pour sorcellerie. Peut être bien. Mais là n'était pas un moment pour penser au futur. Ni au passé, d'ailleurs. L'air s'allourdissait de plus en plus. Un orage approchait.

Diane opina du chef, songeuse et mélancolique.
-Mmmm...Oui sûrement, Fléau.
Diane se tut un instant, en songeant au nom que la jeune fille avait dit être le sien, Flaura...Ou avait elle entendu ce nom??
La jeune Chasseresse regarda pensivement la petite fille...Oui, cet enfant avait l'air d'aimer les chats énormèment..
Elle lui dit:
Dites moi Fléau, aimez vous les chats, ou les félins en général?

En attendant se réponse, Diane leva les yeux vers le ciel pluvieux...Une ombre passa sur son front...Elle songea mélancoliquement, en attendant une réponse qui tardait à venir.

**Je cherche le silence et la nuit pour pleurer....**

Etonnée par cette question, Fléau répondit pourtant d'un air assuré:
-J'aime tout les animaux, mais en particulier les chats. Je les préfère aux chiens, qui obéissent et ont besoin de leur maître. Les chats savent vivre en soitaire et ne vienne voir l'homme que par plaisir. Il n'a pas à leur obéir. C'est un peu comme chez l'homme, en fait. C'est comme si j'étais un chat au milieu des chiens. Les chats viennent souvent me voir.
Les yeux de la fillette reprirent un instant leur teinte métalique. Il y eut un éclair dans le ciel, qui éclaira les deux visages et les arbres autour d'elles, puis le noir revint. Fléau adorait ce moment où l'on attend fébrilement que le bruit de l'éclair résonne dans l'atmosphère tendue. Un énorme fracas retentit, lui arrachant un éclat de rire. Puis la pluie commença à tomber. Un nouvel éclair coupa net le ciel et le puissant bruit suivi.
Se rappelant soudain de ce que lui avait dit sa mère adoptive, Fléau lança par-dessus le boucan:
-Viens vite! Il faut jamais être sous un arbre pendant l'orage!!
Dans un nouvel éclat de rire, elle l'attrapa par la main et la tira pour sortir du bois.

Diane éclata de rire et suivit la fillette dans les bois puis elle redevint songeuse puis répondit en regardant les yeux gris de la fillette...si irréels, si lisses qu'elle eut l'impression de s'y perdre:
-Vous n'êtes pas superstitieuse, votre réponse concernant les chats me le prouve, nous sommes de nature proche vous et moi mademoiselle ne croyez vous pas?
En voyant le regard interrogateur de la jeune fille, elle poursuivit:
-C'est vrai, nous pensons la même chose des chats, nous sommes profondes, et n'aimez vous pas vous promener le soir seule? Sans peur du noir pour jouer avec votre chat et méditer?
Diane sourit et plongea son regard vert bleu dans celui de la jeune fille, gris comme le ciel mais si captivant...

» un endroit pour dormir la nuit